Actualités Analyse des marchés financiers - Décembre 2022


En décembre 2022, les marchés financiers actions sont violemment repartis à la baisse, pénalisés essentiellement par le maintien d’un discours et d’une politique monétaire extrêmement ferme de la part des principales banques centrales.


Sur le plan politique, la volte-face des autorités chinoises quant à la politique Zéro-Covid a eu des effets mitigés. En effet, la réouverture de la Chine s’est faite sous la pression de la rue qui n’en pouvait plus des confinements interminables et qui commençait à demander ouvertement la démission du Président à vie. Mais après que la plupart des gouvernements ont salué cette décision, les failles du système de santé chinois sont apparues au grand jour. Ainsi, alors que la Chine avait impressionné en 2020 avec la construction d’hôpitaux en un temps record (6 jours !) pour faire face à l’épidémie de Coronavirus, c’est désormais l’ensemble des infrastructures hospitalières qui se retrouve submergé par une vague de contamination qui pourrait conduire à près de deux millions de morts d’ici à la fin du mois d’avril. Par ailleurs, on voit fleurir de nouvelles restrictions à l’entrée des pays occidentaux pour les voyageurs chinois, l’efficacité de la vaccination étant pour le moins sujette à caution.


Les marchés financiers ont donc broyé du noir au cours du dernier mois de l’année. Il faut dire que si les chiffres d’inflation publiés de part et d’autre de l’Atlantique ont pu avoir un effet rassurant - on constate une décélération rapide de la hausse des prix à la consommation - les interventions des banquiers centraux ont quant à elles eu l’effet d’une douche froide. Certes, le dernier mouvement de hausse des taux aux Etats-Unis n’a été que de 50 points de base, le taux directeur s’établissant désormais à 4,50%, mais le signal d’un taux terminal de l’ordre de 5% ou plus et surtout d’aucun mouvement de baisse à prévoir sur 2023 ont eu raison de l’optimisme des intervenants. Plus encore, le lendemain, la BCE a aussi annoncé une hausse de son taux directeur de 50 points de base qui s’établit désormais à 2%. Aussi, lors de la conférence de presse de Christine Lagarde, cette dernière a été d’une clarté limpide et a signifié que le mouvement de hausse des taux était loin d’être fini et que les marchés devaient s’attendre à un taux terminal supérieur ou égal à 3% pour la Zone euro.


En conséquence, les marchés actions ont eu des comportements disparates. En Europe, le CAC et l’Eurostoxx 50 terminent le mois sur des baisses supérieures à 3,8%, mais affichent finalement des reculs limités sur l’année, de l’ordre de -7,4% et -9,5% respectivement. Aux Etats-Unis, les indices SP 500 et Nasdaq chutent plus lourdement avec des baisses mensuelles respectives supérieures à 6% et 9% sur le mois et comprises entre -18% et -33% sur l’année. Seuls les marchés émergents surnagent notamment grâce à la Chine pour le deuxième mois consécutif mais terminent l’année en baisse de -20% en dollar.


Sur le front obligataire, les emprunts d’Etats ont des comportements décevants, avec des taux à 10 ans en forte hausse et qui s’affichent à des niveaux inconnus depuis plus de 10 ans pour la France (3,11%), l’Allemagne (2,57%), l’Espagne (3,65%) et le Portugal (3,58%) tandis que l’Italie et la Grèce affichent des rendements supérieurs à 4,3% sur le même horizon de temps. Aux Etats-Unis, le 10 ans procure un rendement supérieur à 3,85%.


Enfin, l’Euro continue de remonter et vaut désormais près de 1,07 dollar. La monnaie unique n’aura finalement baissé « que de » 6% sur l’année.

 

Analyse rédigée le 03/01/2023 par Pierre Bismuth, Directeur général et responsable des gestions chez Myria Asset Management.