Actualités Analyse des marchés financiers - Mars 2023


Contre toute attente, le mois de mars 2023 a une nouvelle fois été le théâtre d’un rebond des marchés financiers actions. Pourtant, tout avait très mal commencé. Si l’annonce, le 9 mars, de la faillite de la Silvergate Bank, spécialisée dans les crypto-monnaies, était passée relativement inaperçue, il n’en a rien été de celle de la Silicon Valley Bank le lendemain.

 

Et, comme si cela ne suffisait pas, le 12 mars, c’était au tour de Signature Bank, elle aussi positionnée sur le créneau des cryptoactifs, de s’effondrer. Ces trois faillites de banques régionales américaines, et donc non systémiques, ont mis en évidence les effets pervers de la déréglementation à l’œuvre pendant les années Trump. Sous prétexte que ces trois banques affichaient chacune un total de bilan inférieur à 250 milliards de dollars, elles bénéficiaient d’une réglementation allégée, ce qui les a sans doute incitées à prendre des risques de financement et de gestion actif passif inconsidérés. Pour éteindre la contagion qui menaçait de se répandre comme une trainée de poudre, les autorités américaines ont donc utilisé les grands moyens : garantie des dépôts illimitée et faillites contrôlées avec vente auprès de repreneurs très rapidement trouvés. Par ailleurs, en un week-end, la Banque centrale américaine a entamé un virage à 180 degrés de sa politique monétaire puisque son bilan, en forte réduction depuis près d’un an, a subitement explosé de près de 300 milliards de dollars pour fournir de la liquidité à court terme.

 


Si l’Europe de son côté pensait être épargnée, c’est en Suisse que les choses ont mal tourné. Après des années d’errance stratégique, le Crédit Suisse a dû se vendre en un week-end à son rival UBS, constituant ainsi un mastodonte bancaire plus systémique encore que les deux banques prises séparément. Mais cette absorption a aussi entraîné des conséquences réglementaires insoupçonnées : le fait d’invalider la subordination classiquement admise entre les différents types d’investisseurs. En effet, alors que les actionnaires auraient dû perdre l’intégralité de leur apport dans la mise en œuvre de la fusion avec UBS, ce sont les porteurs d’obligations subordonnées dites « Additionnal Tier 1 » (AT1) qui ont été ruinés, tandis que les premiers se sont vu offrir une maigre compensation de 3 milliards de francs suisses. Ce précédent aura sans nul doute des répercussions sur le marché des AT1 dans le futur. 

 


Ces chocs financiers ont créé une très forte volatilité sur l’ensemble des marchés actions mais encore plus sur les marchés de taux d’intérêt, que ce soit sur la dette gouvernementale ou privée. Pourtant, lorsqu’on analyse les performances du mois de mars, force est de constater que la plupart des actifs affichent des performances en hausse. Ainsi, le CAC 40 et l’Eurostoxx 50 progressent respectivement de 0,8% et de 2%, malgré un secteur bancaire européen en chute libre à -13,5%. Aux Etats-Unis, où la crise bancaire ressuscite l’espoir de voir la FED interrompre prochainement son action de remontée de son taux directeur après une nouvelle hausse de 0,25%, le Nasdaq, à forte pondération en valeurs technologiques, s’est lui carrément envolé de 6,7%. 

 


Sur le front obligataire, la volatilité a incité les investisseurs à la prudence, et les obligations gouvernementales ont, elles aussi, fortement rebondi en mars de plus de 2% en moyenne, tandis que les obligations privées à haut rendement ont accusé le coup de la crise mais ne s’affichent qu’en léger recul. Ainsi, la véritable ombre au tableau concerne le marché des Contingent convertibles (AT1) qui dévisse de 16% aux USA et de plus de 6% en Europe sur le mois.

 

Analyse rédigée le 03/04/2023 par Pierre Bismuth, Directeur général de Myria Asset Management.