Actualités Analyse des marchés financiers - Septembre 2023


En septembre, les marchés financiers ont à nouveau tremblé sous la pression des emprunts d’état dont les rendements n’en finissent plus de battre des records. Ainsi, si la Réserve fédérale américaine a fait une pause dans la normalisation de ses taux d’intérêt, laissant son taux directeur inchangé à 5,50%, il n’en a pas été de même pour la Banque centrale européenne. En effet, cette dernière, par la voix de sa Présidente, a une nouvelle fois relevé ses trois principaux taux directeurs de 25 points de base, portant le taux des dépôts à un niveau historique de 4%. Il faut dire que la BCE n’avait que peu de marges de manœuvre lors de sa réunion du 14 septembre, alors que la plupart des pays de la Zone euro ne connaissent pas d’accalmie sur le front de l’inflation, qu’elles soient « cœur », c’est-à-dire hors éléments volatils comme l’énergie et l’alimentation ou les incluant. 

 

Techniquement parlant, le comportement des marchés obligataires de part et d’autre de l’Atlantique nous procure des indications intéressantes pour la fin de l’année :

 

  • Ainsi, en Europe, les opérateurs sont toujours très nerveux au sujet de la soutenabilité de la dette de certains pays de la Zone euro. En effet, il a suffi que le gouvernement de Georgia Meloni présente un budget jugé trop peu ambitieux du point de vue de la réduction des déficits pour que les taux d’intérêt à 10 ans flambent, entraînant dans leur sillage l’ensemble des rendements des emprunts d’état du vieux continent. A la fin du mois de septembre, le rendement de bon du Trésor italien à 10 ans s’établissait à 4,77%, et affichait un écart par rapport à son équivalent allemand de près de 1,9%.
  • A contrario, aux Etats-Unis, le scénario découlant de la courbe des taux d’intérêt a violemment changé sur le mois, du fait de la publication de statistiques économiques très surprenantes. Ainsi, les offres d’emploi, bien qu’en baisse depuis quelques mois, restent à un niveau incompatible avec une récession imminente. Par ailleurs, le taux de croissance trimestriel reste finalement assez encourageant compte tenu de l’action de la Réserve fédérale américaine. En conséquence, la différence entre le rendement du taux à 3 mois et celui à 10 ans s’est considérablement réduit sur le mois, ce qui implique que les marchés parient de moins en moins sur une récession mais penchent pour un atterrissage en douceur de l’économie américaine. En tout cas, le psychodrame récurrent sur un éventuel shutdown de l’administration américaine résolu in extremis au détriment de l’aide à l’Ukraine n’a eu aucun effet visible.

 

Sur le plan international, l’effervescence géopolitique continue avec les suites du coup d’état au Niger, qui a conduit le gouvernement français à rappeler son ambassadeur en France, mais également avec l’anéantissement en moins de 24 heures de la République du Haut-Karabakh qui cessera d’exister au 1er janvier 2024. Il est à noter que la crédibilité de la diplomatie de l’Union européenne est mise à rude épreuve par cette guerre éclair menée par l’Azerbaïdjan, puisque ce pays s’est substitué à la Russie pour l’approvisionnement de l’Europe en hydrocarbures. Toutefois, ces évènements n’ont eu aucune incidence sur l’humeur des marchés financiers. 

 

Dernier point, sur le front du climat, des records de température ont une nouvelle fois été battus en Europe, ce qui engendre des tensions sur les nappes phréatiques. Ce phénomène commence à être préoccupant alors que l’automne tarde à s’installer. 

 

Dans ce contexte, on retiendra que les marchés actions ont à nouveau corrigé et terminent le mois en berne. Ainsi, l’Eurostoxx et le CAC affichent des baisses de l’ordre de 2,5%, et comprises entre 5% et 6% pour les marchés américains tandis que les marchés émergents affichent une moindre correction 3%.

 

Enfin, l’euro perd à nouveau 2,5% face au dollar américain du fait de l’intransigeance de la Réserve fédérale sur la lutte contre l’inflation.
 

 

Analyse rédigée le 03/10/2023 par Pierre Bismuth, Directeur général de Myria Asset Management.